France PLF 2026 : vers un essor du marché noir du vapotage ?


Actualités , Décryptage
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Date de publication 23/10/2025  Mis à jour le 23/10/2025


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Présenté la semaine dernière, le projet de loi de finances 2026 suscite de nombreuses réactions, notamment à propos de la cigarette électronique. En effet, les acteurs du marché, les vapoteurs y compris des médecins ont exprimé leur mécontentement et leur désaccord envers les mesures visant à taxer voire à interdire la vente en ligne de tous les produits du vapotage, favorisant ainsi les buralistes, mais également le marché noir selon de nombreux professionnels de la vape. Décryptage.


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Taxer, interdire, restreindre : la stratégie qui pourrait tout faire basculer


Que ce soit le corps médical, des associations ou les professionnels du secteur s'inquiètent des conséquences de :

  • Telles taxes sur les arômes et liquides

  • L'interdiction de la vente en ligne

  • La restriction de la vente physique, notamment des vapes shop au profit des buralistes.

Des mesures qui pourraient non seulement fragiliser la santé publique en alimentant un marché noir déjà présent, mais également menacer tout un pan de la filière française du vapotage, comme l’explique la FIVAPE. Une décision qui pourrait coûter cher, autant aux consommateurs qu’à l’économie de la vape.


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La réaction de la Fivape


Sur RMC, le président de la FIVAPE, Jean Moiroud, estime que cette taxe qui " pourrait rapporter 100 millions d'euros, mais par contre, elle va décourager 5 % des gens qui vapotent actuellement et engendrant ainsi des dépenses de santé de 200 millions d'euros ".

Sans oublier les professionnels du secteur où le président de la FIVAPEJean Moiroud ajoute " On estime que 10 000 emplois sont menacés directement, dont 3 000 dans le secteur de la vente en ligne qui disparaitraient instantanément ". Avant d'ajouter que de telles mesures signeront le " démantèlement du réseau de distribution indépendant " soit les sites e-commerce dont Ecigplanete et les boutiques. 

Le saviez-vous ?

La FIVAPE est le syndicat interprofessionnel indépendant de l'industrie du tabac qui représente la filière française de la cigarette électronique, composé de tous les acteurs du secteur : les fabricants, les distributeurs et les boutiques.

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La réaction des buralistes


Bien que les acteurs de la vape déplorent un favoritisme des buralistes, ces derniers contestent tout de même ces taxes sur les eliquides. En effet, le nouveau président de la confédération des buralistes Serdar Kaya, s'est exprimé auprès de l'AFP estimant que la fiscalité envisagée sur les produits du vapotage " met en danger une alternative sérieuse et efficace à la cigarette ".

Au point même que cela pourrait orienter certains vapoteurs à se procurer des cigarettes électroniques, des puffs rechargeables et eliquides sur les réseaux sociaux tels que Snapchat, Instagram, WhatsApp, Telegram ou même sur Vinted, qui sont peu voire aucunement contrôlés, comme l'avance Gabin, un parmi les nombreux vendeurs de cigarettes électroniques en boutique spécialisée.

En effet, celui-ci a évoqué sur Franceinfo, la possible montée en puissance du marché noir et des conséquences sur la santé publique qui en découleront. Où celui-ci a précisé " Nous, on refuse de vendre aux mineurs là où, sur Snapchat, ils peuvent les acheter librement avec une qualité médiocre et des produits qui ne sont pas contrôlés ". Autrement dit, des produits qui n'auraient jamais obtenu l'autorisation de vente en Europe selon la TPD.

Une réalité qui s'est vérifiée dans différents pays d'Asie, aux Etats-Unis et en Australie (où le pays avait décidé d'autoriser la vente de cigarettes électroniques seulement en pharmacie sur ordonnance, avant de faire marche arrière.)

Lire aussi : Projet de loi de finances 2026 : Des eliquides taxés et vers une interdiction de la vente en ligne



pète ton crâne

Quand la réglementation alimente le marché noir


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Australie : quand l’interdiction de la vape tourne court


En juillet 2024, l'Australie restreignait la vente de produits de vapotage qu'ils contiennent de la nicotine ou non, aux pharmacies et sur ordonnance. Une décision qui a fortement impacté les boutiques spécialisées physiques et en ligne qui ont dû cesser leurs activités subitement, mais qui a malencontreusement entraîné une explosion du marché noir de la cigarette électronique.

En effet, selon le Daily Telegraph, un célèbre quotidien national, a constaté que les pharmacies avaient vendu seulement 5 392 cigarettes électronique en moyenne de octobre 2024 à avril 2025. Un chiffre dérisoire quand on sait que 7 % des 27 millions d'habitants australiens vapotent, soit 1 890 000 vapoteurs environ. Autrement dit, on peut supposer que les vapoteurs se sont dirigés vers le marché parallèle afin de se procurer du matériel, quand on sait que 5,2 millions de vapoteuses ont été importées illégalement de janvier 2024 à septembre 2024 selon le ministre fédéral de la Santé, Mark Butler. Ainsi, 90 % des produits du vapotage circuleraient dans l'illégalité selon les estimations du Dr Colon Mendelson, spécialiste de la réduction des risques du tabac.

L'aspect économique ce phénomène est d'ailleurs tout aussi alarmant puisque le marché noir de la vape est désormais prépondérant dans le pays, représentant 92 % du marché total de la cigarette électronique. En sachant qu'une ecigarette achetée en Chine pour 3 $ australiens est revendue jusqu'à 35 AU$, les répercussions pour l'Etat sont désastreuses puisque les pertes fiscales sont estimées à 10 milliards de dollars australiens par an.

Autant de conséquences qui ont mené l'Australie à faire marche arrière, le 1er Octobre 2024, en n'exigeant plus aucune ordonnance pour se procurer des cigarettes électroniques et des eliquides aux personnes de plus de 18 ans. A condition, bien sûr, que ce soit dans un objectif de sevrage, évalué selon le pharmacien. Bien que les produits du vapotage soient " cliniquement appropriés" donc limités puisque les saveurs menthe, menthol et tabac sont les seules disponibles, avec un taux de nicotine inférieur à 20 mg/ml. Pour des taux de nicotine plus élevés, il faudra obligtaoirement une prescription.

Toutefois, l'Australie n'est pas le seul exemple, mais également les Etats-Unis en 2019 où la santé de nombreux vapoteurs américains a été mise en péril.


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Evali aux Etats-unis : les conséquences d'un marché illégal


Dans les cas les plus extrêmes, en 2019, nous avons les Etats-Unis, qui ont connu la crise sanitaire EVALI liée à l’usage d'eliquides contenant du THC, vendus illégalement sur le marché noir. Ces produits, coupés à l’acétate de vitamine E, ont provoqué plusieurs 68 décès et jusqu'à 2800 hospitalisations.

Bien qu'il soit important de préciser que ces cas ne concernaient aucunement les e-liquides nicotinés réglementés, mais bel et bien des produits illicites destinés à un usage récréatif. Sans compter que ces utilisateurs souhaitaient des eliquides au THC.

Toutefois, ce drame illustre un point crucial : lorsque l’accès aux produits légaux et contrôlés est restreint, le marché parallèle prend le relais, avec des conséquences sanitaires potentiellement graves. Un scénario à ne pas prendre à la légère puisque l'enquête Merci La Vape a démontré que, sur les 40 000 participants :

  • 57 % d'entre eux " recourront à des sources parallèles si les arômes sont prohibés "

  • 52 % d'entre eux " estiment qu'ils se tourneraient des marchés parallèles " en cas de taxe sur les eliquides

Ainsi, l'article 23 du projet de loi de finances 2026, pourrait paradoxalement favoriser l'essor d'un marché noir comme l'a pointé le groupe UDR, présidé par Eric Ciotti, dans leur amendement n°I-CF1599 : " l’interdiction de la vente à distance et le renforcement des sanctions pénales, appliqués sans distinction de produits ni d’usages, risquent de favoriser les circuits parallèles et d’affaiblir la traçabilité et la qualité sanitaire des produits. Cette approche punitive pourrait donc produire l’effet inverse de celui recherché, en déplaçant la consommation vers des canaux non contrôlés". Un argument répété dans leur amendement n°I-1732, déposé le 21 octobre. 



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Le cas des vapoteuses zombies en Asie


Le titre peut sembler étrange, mais il cache la découverte d'un puissant sédatif dans des produits de vapotage saisis sur le marché noir dans plusieurs régions d'Asie telles que :

  • Le Japon

  • La Malaisie

  • Hong-Kong

  • Singapour

  • Thaïlande

Et ce sédatif n'est autre que l'étomidate, un médicament utilisé dans les anesthésies générales, en aucun destiné à être inhalé. Malheureusement, ce n'était la seule substance trouvée dans ces cartouches d'eliquides de contrefaçon, vendues sous le nom de " space oil ", " Kpods", " Zombie Spice" aux arômes fruités. En effet, du THC de synthèse ou encore de la kétamine ont été retrouvées, provoquant une crise de santé publique majeure, puisqu'il suffit d'une seule bouffée pour que ces substances illicites fassent effet, provoquant chez les vapoteurs non avertis des :

  • Crises de panique

  • Pertes de connaissance

  • Insuffisances respiratoires

  • Convulsions

  • Perte du contrôle du corps

Autant de symptômes qui transforment ces consommateurs en " zombies " d'où les appellations " vapoteuse zombie ", " cigarette zombie " ou encore " jus de zombie " pour qualifier ces cigarettes électroniques procurées aisément sur Whatsapp, Telegram ou encore Instagram.

Des conséquences qui ont amenés de très jeunes vapoteurs en hospitalisation, notamment un taïwanais de 13 ans pour 1 280 cas. Tandis que 211 hongkongais de moins de 21 ans sur 338 cas recensés, même si 250 000 cartouches ont été confisquées en 6 mois par la police. A Singapour, ces vapoteuses zombies couplées à ces drogues, représentait un tiers des cigarettes électroniques saisies lors de contrôles douaniers. Toutefois, ces dérives ne se limitent pas à l'Asie, mais également dans l'Hexagone.


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Buddha Blue et PTC : Les dérives du marché noir du vapotage français

En France, des produits similaires ont déjà circulé sous les appellations " Buddha Blue " ou " PTC (Pète Ton Crâne) qui sont des eliquides contenant des cannabinoïdes de synthèse, considérés comme 200 fois plus fort que le THC par le corps médical. Vendus illégalement comme de simples eliquides, selon Vidal, ces substances " peuvent entraîner différents types de complications :

  • Neurologiques (malaises, amnésies, pertes de connaissance, voire convulsions)

  • Psychiatriques (épisodes délirants, hallucinations, idées suicidaires, attaque de panique),

  • Addictologiques (avec syndrome de sevrage

  • Cardiovasculaires (tachycardie, douleur thoracique)

  • Digestives (nausées, vomissements, douleurs abdominales) et rénales. "

Des complications observées essentiellement chez des collégiens et des lycéens selon l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) où près de 200 cas d'intoxications aigües en France ont été recensées en 2024, selon Jérôme Legrand, chef du service du Centre antipoison de Paris, auprès de BFMTV.


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En résumé


En restreignant l’accès légal aux produits du vapotage que ce soit une interdiction de la vente en ligne ou un agrément obligatoire pour les boutiques spécialisées. La France prend le risque de créer un vide que le marché noir ne manquera pas de combler. Une crainte est justifiée par les données internationales de la société d'étude de marché londonienne, Euromonitor International ," plus de 75 % du volume mondial de cigarettes électroniques est alimenté par le marché illicite".

Et les exemples asiatiques, australien et américain le prouvent lors de la fermeture des canaux de distribution officiels se ferment, des produits trafiqués et hautement dangereux apparaissent, avec des conséquences sanitaires potentiellement dramatiques.

  • En Australie, l’interdiction hors pharmacies a fait exploser les ventes illégales jusqu’à représenter plus de 90 % du marché total.

  • Aux États-Unis, la crise sanitaire de 2019 a démontré le danger des produits non réglementés, contenant du THC et coupés à la vitamine E.

  • En Asie, la prolifération des « vapoteuses zombies » chargées d’étomidate, de THC de synthèse ou de kétamine illustre les dérives les plus extrêmes de cette perte de contrôle.

Dans ce contexte, l’article 23 du projet de loi de finances 2026 pourrait paradoxalement aggraver un phénomène déjà existant, en restreignant l’accès à la vape et en alourdissant les contraintes sur les professionnels, la France prend le risque de nourrir ce marché parallèle au détriment de la santé publique.

Et il ne s’agira plus seulement d’une question de fiscalité, mais bel et bien d’un risque sanitaire et sociétal majeur, où la vape, outil de sevrage pour des millions de fumeurs, pourrait devenir une nouvelle porte d’entrée vers des produits dangereux et non contrôlés. C'est la raison pour laquelle FIVAPE a lancé une pétition où nous vous invitons à la signer pour demander le retrait de cet article du projet de loi de finances 2026.

Bien que le député Pierre Cordier issu de la Droite Républicaine, présidé par Laurent Wauquiez, ait également déposé l'amendement n°-176, le 18 octobre demandant le retrait de l'article 23 du PLF 2026, en exposant les risques d'un marché noir incontrôlé et des conséquences sur la santé des vapoteurs qui se procureraient des produits issus de ce marché. 

Lire aussi : Vapoter coûte moins cher que fumer ? Chiffres à l'appui

auteur
Magali Kellaris

Responsable du blog d'Ecigplanete, j'allie rédaction et analyse pour vous guider dans votre transition vers une vie sans tabac. Soucieuse de transmettre des informations précises et accessibles, je vous propose des tests produits, actualités et définitions afin de vous informer, au mieux, sur la cigarette électronique, le sevrage tabagique et les avantages de la vape.

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